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Mujeres - Diosas

Brigitte

Brigitte: Première rencontre. Au bout de 35 ans.

Brigitte: Première rencontre. Au bout de 35 ans. 24 heures d´éternité

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L'Ange décolle un matin froid. Les nuages que l'avion survole ont une étrange ressemblance a la surface douce et moelleuse des ailes de l'Ange. C´est l´avion, ce sont les ailes, le chemin se fait court, avec déduction permanente des minutes du trajet. La rencontre se fait dans un lieu ou les regards d´autrui n´empêchent que le premier baisser soit léger, tendre, intime ; en apparence, rien qu´en apparence, anodin.
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Il est temps de déjeuner, et c'est sur un petit bistrot que les amants se terrissent. Le temps que leurs peaux prennent connaissance. Que leurs regards s'habituent à une toute autre façon de se regarder, que leur sourire ne soit plus un sourire de bonne volonté, mais un sourire de complicité tendre.
Il a voulu, malgré la table qui les sépare, toucher de plus près son corps. Il a cherche une excuse pour se lever un moment et pour pouvoir, ne passant, lui retirer les cheveux du cou et l'embrasser dans le creux de la nuque. C'est un baisser de tendresse, d'intimité. C'est un baisser qui va bien plus loin que le désir. C'est un baisser long d'un demi-siècle, un baiser qui veut caresser l'âme, bien plus loin que la peau.
Elle le comprend, mais elle en veut plus, bien plus, et pour lui montrer sa confiance, et pour l'inviter à cette complicité intime, lui met la main sur celle qu'il a mise à son épaule, et penche légèrement de l'avant sa tête pour mieux s'offrir, et lui permettre de réaliser son emprise sexuelle de male. Son sourire accompagne l'éloignement.
Le déjeuner se déroule avec une conversation d'une telle confiance que les deux se surprennent de se voir décrire des pensées qu'il n'ont jamais ose exprimer à quiconque autrui. Le passe n'est plus que les cimentations du présent. Le déjà vu devient la base de la découverte.
Une longue et nonchalante conversation se poursuit au-delà du café. Le temps ne compte pas, le temps ne compte plus. L'éternité se touche de la pointe des doigts. Ils savent qu'elle est-la. Qu'ils ont la main sur la poignée, et que cette même éternité ne leur requiert nulle impatience.
Seulement, lorsque le dernier client est parti, lorsque le patron se décide a leur faire comprendre que ce n'est pas donne à tous de savourer l'éternité, ils quittent le bistrot, et marchent, sans hâte jusqu'au terrier d'Eve. La ou le monde pourra disparaître, n'existera plus, au-delà de la lumière qui se reflète sur les parois de l'espace que leurs corps remplissent.
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Ils s'assoient au sofa du salon. Elle lui offre, comme excuse d'une naturalité familière, quelque chose a boire. Ils savent pourtant qu'il ne le finira pas, qu'il cherchera les lèvres d'Eve avant même que les bords du verre. Il attend pourtant qu'elle s'assied aussi sur le sofa pour approcher sa main, son torse, sa face, ses lèvres, jusqu'a froisser très légèrement celles, entrouvertes, qui l'accueillent.
Sa main passe derrière la nuque. Celles d'Eve passent autour de son corps, voulant en prendre possession, en même temps qu'elles renforcent l´offre du sien. Elle se tapis sur le sofa montrant le désir convoite. Il retire l'affleurement des lèvres. Regarde ses yeux, pleins de confiance, pleins des intimités a venir, et lui dit: "Merci"
Dans ce "merci" il y a toute une déclaration d'amour, toute une déclaration du long chemin fait ensemble. Du long chemin depuis cette robe blanche qui s'était approché de lui a la véranda de la cour du Lycée français a Washington, robe à decolté carre, a petites fleures vertes et rouges, le magazine "Salut les Copains" a la main. Le long chemin depuis l'adolescence "déjà vue". Mais ce "merci" est aussi une déclaration du long chemin parcouru depuis cette autre robe noire, sobre, qui s'était approche de lui au Lobby du Ritz a Madrid, robe sans decolté, de longueur asexuelle, a l'étoffe opaque.
Un des chemins avait pris 35 ans a se parcourir, l'autre s'était fait en 35 heures, mais ils avaient été aussi longs et difficiles a parcourir l'un que l'autre. C'est elle, alors, qui l'embrassa, pour toute réponse, et pour bien lui transmettre qu'elle avait compris.
Ce n'est qu'alors qu'il se sentit dans la confiance de sexualiser leur contact. Ce n'est qu'alors que les mains a lui commencèrent à caresser les formes de féminité offertes, et qui lui permettent en même temps d'accroître et de transmettre son désir. Et ses formes répondent à son désir male, répondent par un désir de femelle avide de masculinité.
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C'est elle qui, se levant, et le prenant de la main, l'emmène dans sa chambre, l´invite dans sa propre intimité. La femme la plus rapide a l'ouest du Mississipi commence à se déshabiller. Lui, accoudé sur le lit, le sourire aux lèvres, la regardait. Il s'était imagine un procès plus lent, mélange de caresses de désir montant, et de batailles contre le crochet coincé, contre le bouton antiglisse, contre la cremailliere tordue. Mais elle est une femme d'efficacité décisoire... La poésie et la tendresse sont aussi bien compatibles avec la naturalité rapide.
La femme secrète, a un moment, a la presque nudité, s'est retirée a la salle de bain pour parfaire les rituels d´initiation méconnus des non sorciers. Il a pris son temps, d'abord pour découvrir tous les objets qui constituaient l'entour le plus intime d'Eve, puis pour feutrer la lumière des rideaux, et pour se déshabiller lui-même et se mettre, ahhh pudeur, sous les draps.
Elle est rentrée d'un pas sur, le regard et le sourire franc, son slip comme toute réserve d'intimité, ses seins... des seins qu'il n'avait jamais vu, et qu'il avait tant de fois vu.
Elle avait eu un moment de doute, elle sait que ses seins ne sont plus ceux des 30 ans. Elle aurait peut être préfère ne pas faire ce trajet au lit sous le regard de l'Ange, elle aurait peut être préfère cacher ces seins... mais cela aurait été contre nature, contre ce qu'elle est, contre ce qu'elle veut que cette relation soit.
Lui, il a regarde surtout les cuisses, la démarche honnête, le sourire d'intimité finale. Les yeux dans les yeux, elle s'est mise au lit.
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Ils ne se sont pris que de la main tout d'abord. Ils ont attendu que tout un courant de confiance ne passe à travers ces doigts entrelacés, de ces paumes soudées. Ce n'est qu'après un long moment que sa main a commence à explorer le corps d'Eve. D'abord les lieux les plus "publiques", ceux qui se montrent en société. Ceux qu'il avait tant de fois caresse du regard, mais qu'il caressait pour la première fois de la main. C'était comme s'il avait été aveugle pour toujours et essayait, a tâtons, de parfaire ces formes a elle, pour ne jamais les oublier.
Elle, elle fermait les yeux pour que le sens de sa main sur son corps soit absolu, flottant pour toujours dans la mémoire du temps. Ce n´est que lorsque la main se troqua en lèvres qu´elle ouvrit de nouveau ses yeux, pour pouvoir dérober l´expression de son visage, et sentir en elle la satisfaction du plaisir sur son visage a lui.
Les lèvres parcoururent tous les chemins qu´avait parcouru la main auparavant. Le goût de sa peau lavée, sans huiles ni parfums, une peau pure, ou certaines gouttes de sueur et de plaisir commençaient à affleurer, était pour lui une saveur enivrante. Les lèvres parcouraient centimètre a centimètre la surface désirée de ce corps qui frémissait le long du parcours. Le cou, les épaules, la poitrine, sans y toucher aux seins, la ceinture, les hanches... les lèvres continuaient son chemin, sures et timides a la fois, tendres et lascives a la fois.
Le goût de la peau changeait imperceptiblement, et, accompagne des variations de ses odeurs naturelles fessait de la découverte de ce corps aime le plus beau voyage que métèque eu pu faire. Il avait mis 50 ans pour pouvoir l´entreprendre. C´était pour lui le voyage rêvé depuis son enfance. C´était l´aboutissement du parcours d´une vie. Le parcours qu´il allait répéter, jour après jour, pour le reste de sa vie. C´était son voyage initiatique. La vie après ne serait plus la même. Il le savait. Le saurait-elle aussi? "Heureux qui comme Ulysse a fait un long voyage..."
Les paysages ne sont plus les mêmes après qu´on les ai parcouru, qu´on les ait regardé, qu´on les ait dessine. Le regard les transforme, et non seulement dans la vue de celui qui regarde. Le regard les transforme dans l´essence même du paysage. Un paysage n´est beau que si des yeux capables de créer de la beauté le regardent. Un paysage n´est mélancolique que si des yeux pleins de mélancolie le regardent. Elle, elle devenait un paysage d´amour, un paysage de tendresse, un paysage de désir. Elle devenait tout ce que l´Ange était en train de poser sur elle a travers de son regard, a travers de ses lèvres.
Elle, elle savait qu´elle était en train d´être transformée. Souillée? Peut être souillée. Souillée d´un amour male, d´un amour ou le divin et l´animal s´entrelacent, ou la sublimation de la boue se produit. Cette sublimation que le Christ avait vu en Madeleine, et que son génie avait transforme en sublimation du pain. Elle, elle, elle n´avait pas besoin de métaphores, de substances symboliques pour se transformer. C´était son propre corps qui découvrait une nouvelle réalité. C´était son propre corps qui était en train de sentir ses pores, ses vases comme il ne les avait jamais senti. Une réalité cachée tout au long de sa vie. Une réalité qui était la, cachée à l´intérieur de son propre corps. Si près, et pourtant si loin. Une porte qu´elle était en train de franchir, et qui ne se refermerait plus.
Et ses mains, et sa bouche, et ses lèvres continuaient à faire ce long voyage jusqu´au plis les plus intimes de son corps, des plis découverts pour la première fois, non pas par lui, mais par elle aussi. Et le voyage se fit long, suave, tortueux, dur, il y eut de la pluie dans les cheveux, du vent sur les seins, des marées sur le ventre, des tempêtes aux cuisses, des ouragans au cœur...
Et le temps tournait en cercles. Il passait vite, mais ne passait plus. La lumière qui se filtrait aux rideaux avait plusieurs fois change de couleur. Du jaune, au rouge, du bleu, au blanc. Ils ne savaient plus si le jour, le couchant, le soir, les néons s´étaient succédés en cet ordre, ou si le monde avait aussi chaviré ses règles. Ils ne savaient plus si c´était des heures qui s´étaient écoulées, ou des jours, des années. "Qu´elle heure est-il?" Demanda-t-elle.
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"Sortons dîner quelque chose", dit-il. "Je suis fatiguée." "Je ne veux pas de feux d´artifices, je les ai dans tes yeux. Faisons du monde un Kinopanorama au-delà de nous. Décorons encore pendant quelques heures les parois de notre monde avec les images des autres." "Je t´emmène alors dans un bistrot qui me tient a cœur." "Marchons, je ne veux souiller nos corps de la présence d´un taxiste."
Le dîner fut la reprise de l´intimité d´antan, mais l´union avait été accomplie. Ce n´était plus deux corps qui tâtonnaient encore les approches de leur union. C´était un seul corps qui se complaisait à parfaire et découvrir toutes les possibilités que cette unité leur offrait. L´ansieté du futur n´existait plus. C´était la douce fatigue des muscles battus, le plaisir des mémoires du futur, qui envahissait ses regards, qui se transmettait à travers les doigts se touchant sur la table.
Et le soir l´amour fut tendre, une répétition en adagio des tendresses de l´après midi. La même peau, mais différente, la même bouche, mais différente, les mêmes odeurs et saveurs, mais différentes, les mêmes fluides, qui fessaient le trait d´union entre ces corps, pour n´en faire qu´un.
Et le sommeil fut doucement attendu dans une unité de bras et jambes entrecroisées, a l´intérieur des ailes blanches de l´Ange.
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L´horloge biologique sonna tôt. Ils ne pouvaient s´empêcher d´êtres programmes à l´heure de la bataille de tous les jours. Mais la volonté de vivre le rêve était plus forte que l´énergie de l´action. Et c´est la bouche, qui chercha le creux chaud de l´oreille, qui leur fit cette fois rentrer dans le monde onirique d´une demi-somnolence en quête de câlins et de tendresse. La lumière du jour se glissait de plus en plus a travers les rideaux. Mais les baisers qui se sont succèdes ne savaient plus a quels moments, a quelle heure, ils s´étaient poses.
Les corps surchauffés de l´étreinte de toute la nuit ne sentent plus qu´un. L´odeur male, l´odeur femelle ne sont devenues qu’odeur d´amour, odeur d´intimité. Mais une odeur pleine de parfums qui séduisent le désir. Une odeur qui exige être satisfaite, qui exige être poursuivie, augmentée, déchaînée, jusqu´a quelle ne se reconnaisse plus que dans les soupirs et les spasmes de l´orgasme...
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"J´espère que le pot de miel ne se sera pas case dans ma valise" dit l´Ange. "Reste au lit, je vais te préparer le petit déjeuner. Pas de douche encore. Nous n´avons pas fini."
"Encore?" Dit-elle.
Au retour elle était anidée entre ses oreillers et ses édredons. Elle le regardait venir a elle, nu, le plateau du petit déjeuner a la main. Il était grand, mais son corps n´était plus celui qu´elle avait connu 30 ans auparavant. Il avait pris du poids. Beaucoup de poids. Trop de poids. Malgré que, comme ça, tout nu, il gardait encore certaines proportions acceptables. Mais manifestement améliorables. Il serait nécessaire de faire un travail sur ce point la. Travail aussi bien physique que mental. Elle décida alors de prendre son corps en main. C´est elle qui, mélange de séduction et d´autorité ("autoritas" et non "potestas", bien sur) referait son corps, pour le faire revenir plus près de ses souvenirs.
Il aurait pu être athlétique, s´il en aurait pris le soin. Pas trop poilu. Des seins trop gros, mais cela disparaîtrait probablement avec la réduction de poids. C´était la première fois qu´elle voyait son sexe au "naturel"! Boeufff... ni trop grand, ni trop petit. Taille standard... Hardware conventionnel... (Bien qu’en ce moment on ne puisse pas vraiment l´appeler "hard"ware, plutôt floffyware.) Ce qu´il avait de mieux c´était le software. Du bon software... Elle en gardait encore le souvenir a tous les muscles de son corps.
Le premier toast au miel fut prépare par l´Ange. Pendant qu´elle enfonçait ses dents sur le toast croustillant, l´Ange se préparait son propre toast. Il mettait le doigt dans le pot de miel comme l´aurait fait Winnie the Poo lui-même. En le sortant dégoulinant du pot... elle commençait a se rendre compte que le goût de l´Ange pour le miel n´était pas en relation avec le toast comme support nutrionel. Ses yeux de convoitise et de gourmandise avaient pour objectif non pas le toast mais les parties les plus sélectes de son corps a elle.
"Ecoute, tu es dégoûtant. Tu vas en mettre partout. Et puis comment est ce que j´explique à la femme de ménage qu´il y plein de miel sur mon lit? Je t´en prie... Attention... Pas la... Mais... écoute... tu es dégoûtant... ahhh... non... après tout... c´est pas si mal que ça... ahhhhhhh... oui... Ou est ce que tu as mis le pot? ... Je peux moi aussi? ... Mets-toi de dos..."
Dix heures. Onze heures. 3000 calories de miel. Midi.
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"Heureusement que ma douche est faite pour deux. Que veux-tu que l´on fasse après?" "Je veux connaître 30 Avenue de Sèvres. Tu as les clés? Et puis après je veux que tu m´emmènes voir la dernière exposition qui t´a plu. Je préfère même, que cela soit du coté de Galeries d´Art privées, que du coté officiel. Fais-moi un tour de ce qui te plait en ce moment et comme ça nous pouvons nous mettre à l´heure de nos goûts et de nos préférences. Mon avion part à 18:45"
"Ecoute. Tu m´avais promis 48 heures. Je ne te laisse pas partir aujourd´hui. Pas question. Tu peux faire ce que tu veux avec ton billet mais tu ne vas pas partir. Si je dois te dénoncer pour violation je le ferais... Le temps de démontrer que cela a été une violation consentie... Il va falloir que tu donnes des explications a Madrid..."
"D´accord. Je change ma réserve pour demain... Mais, tu n´en a pas assez de moi pendant 24 heures d´affile?"
"Non. Ce soir c´est mon tour. C´est moi qui va te bouffer tout entier. Finie la domination masculine... Tu vas savoir ce que c´est qu´une femelle dechainée... Gare à toi. A vrai dire je ne sais si, au fait, tu devrais t´enfuir tout de suite... Pense y le long de la journée, avant ce soir... Mais, pour le moment, allez! houste! on y va, appelle l´ascenseur, je prends mon sac..."nullPremière rencontre. Au bout de 35 ans.

Pourquoi je t'aime, Brigitte

Pourquoi je t'aime, Brigitte Pourquoi je t'aime
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Je t'aime. Je t'aime depuis mes 15 ans. Est ce possible? Pour que cet amour dure depuis 35 ans... faut-il que moi je n’aie pas change? Faut-il que toi tu n'ais pas changé?
Dans mon cas c'est bien évident. Je n'ai pas change. J'ai évolue, mais mon évolution était écrite dans mon programme vital présent il y a 35 ans. Je pourrais le raisonner... mais je crois que mes lettres l'on bien démontre. Et toi? As tu change?
Non, tu es la même personne, tu n'as pas essentiellement change. Tes changements, et il y en a eu, étaient implicites en ce que tu étais. Ce que tu es était déjà la. Je l'aimais déjà. J'aimais déjà tes changements futurs, implicites en ce que tu étais déjà. J'aimais donc déjà ce que tu allais devenir.
Pourquoi est-ce que je t'aimais à 15 ans? Pourquoi est-ce que je t'aimais à 25 ans? Pourquoi est-ce que je t'aime à 50 ans?
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1) Pourquoi est-ce que je t'aimais à 15 ans?
J'ai encore dans ma mémoire, comme si c'était hier, le jour ou tu t'es approche de moi au Lycée de Washington.
J'étais le nouveau, le garçon venu de Paris.
J'étais, a la recrée, au bout de la véranda du Lycée, debout, entoure de filles qui étaient en train de me faire l'examen, et de concourir pour voir laquelle je choisissais... Tu t'es rapprochée, robe a jupes très courtes, cuisses puissantes d'adolescente, tissu de fond blanc, petites fleurs rouges et vertes, decolté carre, pas de poitrine, cheveux longs, châtain clair, très bien brosses, bandeau? La mémoire me joue un tour, joues rouges, pas un gramme de maquillage.
Tu t'es approchée ouvrant de tes mains le cercle autour de moi. Un magazine de "Salut le Copains" ou de "Mademoiselle 20 ans", ou quelque chose comme ça, a la main. L'excuse était de me demander quelque chose à propos d'un article du magazine.
J'ai pense: "Elle est la plus belle. Un peu froide et asexuée. Je pourrais la choisir, mais c'est un peu trop tôt pour se décider. Laissons passer un peu de temps. Goûtons à d'autres plats aussi..." Je t'ai répondu courtoisement, et nos relations se sont tenues la. Tu n'as plus fait d'approche, et je suis rentre dans le cyclone de sexualité adolescente de Véronique, Anne Marie, Marie Christine, etc, etc.
J'avais pour toi le plus grand respect intellectuel. Tu étais la plus brillante. Mais tu ne flirtais pas. Tu ne jouais pas aux jeux amoureux d'adolescent. Nous tenions toujours des conversations sérieuses, jamais un sous-entendu coquin ou sensuel.
Tu as commence a sortir avec Patrick. Patrick était mon male rival dans la horde de primates. Il était l'intellectuel blassé. Moi j'étais l'apprenti de playboy. (Le vrai playboy était l'italien en Terminale) Je n'avais pas de relation avec Patrick, si ce n'était un respect et un certain antagonisme, mais jamais un vrai conflit.
La deuxième année j'ai commence a sortir avec Stéphane Schoonover. J'ai commence a fréquenter ses amies de première, et nos ébats amoureux nourrissaient pleinement mes besoins nutritionnels. Ton monde a toi, avec Patrick, et le mien, avec Stéphane, se sont distances.
Tu étais "la fille a Patrick" (je vois ça comme a Grease) et très sérieuse. Détachée, distante, ne subissant pas l'appel hormonal, sans une seule pensée perverse...
Je ne pouvais avoir avec toi qu'une relation de communication amorphe, et bien que je puisse déjà t'apprécier comme je l'ai fait depuis, je ne pouvais ni amorcer une approche autre qu'un échange froid de thèmes d'études ou des conversations générales. Je ne me rappelle d'aucune d'elles. Je ne me rappelle que de tes cuisses blanches, en ciseaux, assise sur la couverture de ton lit. Ma chance était passée ce matin du Salut les Copains... et je l'avais laisse échapper.
Mais après tout, tout est pour le mieux. Une relation intense, amoureuse, avec toi n'aurait pas dure. Et nous ne serions pas la ou nous en sommes. Je suis grès de sacrifier notre adolescence en échange de notre maturité. Je n'étais pas prépare pour t'aimer. Mon amour aurait été réel, comme il la toujours été, mais dans un contexte d'immaturité qui ne lui aurait pas donne la beauté, que du fait il a.
Je t'admirais, et je t'aimais déjà, comme je l'ai fais depuis. C'est pour ça que j'ai voulu te rencontrer à Paris par la suite.
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2) Pourquoi est-ce que je t'aimais à 25 ans?
Tu étais une femme superbe à Paris, déjà à tes 18 ans. Tu n'avais pas un background familier qui puisse t'appuyer sur ton parcours social. Tu étais Cendrillon dans tes mansardes parisiennes. Tu portais ça avec une qualité sublime. Tu savais ce que tu voulais. Tu avais les idées claires. Tu savais que le parcours était long et dur, mais tu savais le chemin, et tu étais prête à le faire.
Je sais que ce n'était pas comme ça, mais moi, en plein branle bas existentiel, questionnant tout mon système de valeurs (stupide) que j'avais a Washington, en pleine construction de celui qui m'a tenu d'abri depuis, je le voyais comme ça.
Tu étais la femme parfaite, trop parfaite pour pouvoir t'intéresser à un mortel qui menait sa bataille pour devenir dieu (en minuscule). Je savais que j'avais beaucoup plus de pathos que toi, que dans ma démarche je serais beaucoup plus créatif (sorry), mais cella ne suffisait pas pour intéresser une femme comme toi, en quête de Apollo et non pas de Dionysos.
Pourtant tes "petits amis" n'étaient pas cet Apollo. Ils étaient des chevaliers servants, des écuyers d'accompagnement, des Lancelots. Je me rendais compte qu'ils n'avaient pas la taille, mais je ne pouvais pas les combattre. Ce n'était pas possible car je ne te voyais que un jour tous les deux ans, et je ne pouvais satisfaire tes "besoins" de tous les jours.
C'est alors que j'ai ose la proposition que je t'ai faite dans mes lettres. Celle qui coïncidait déjà avec mon idéologie construite, et qui a tenu 30 ans. Je ne voulais pas être l'antagoniste de tes petits amis. Je voulais être autre chose, différente. Plus intime, plus solide, moins passionnelle, plus éternelle. Et je te proposais que cela soit compatible avec tes ébats amoureux circonstanciels.
Je ne suis pas jaloux. Je ne l'ai jamais été, Je peux compatir, car je sais que je ne comparte jamais. Une relation est unique, et elle ne peut se confondre avec une autre bien qu'elles puissent paraître toutes les deux des liaisons amoureuses et sexuelles. Je n'ai jamais eu de la jalousie lorsque je poussais mes petites amies à ouvrir leur cadre de relations sexuelles avec moi. Je t'en ai déjà parle, bien que tu ne sois pas d'accord ou que cela puisse te déplaire.
Je pouvais être ton ami tendre, ton ami perpétuel, l'ami que tu ne voyais qu'une fois par an, mais que tu verrais toute ta vie. Je savais que je t'aimerais toute ta vie, bien que cela ne fût que un jour sur 365. Un trois cents soixante cinquièmes de notre vie. C'est à dire l'éternité.
Ton corps avait perdu les excès de l'adolescence. Tu étais plus élancée. Tu ne montrais rien de trop. Ni trop de hanches, ni trop de cu. Ni trop de poitrine... tout au contraire.... ce qui te donnait une élégance et une qualité superbe.
Un charisme t'enveloppait. Tu me donnais des nouveaux horizons chaque fois que je te voyais. Moi le jeune de province qui remontait a Paris, pour 24 heures, touchait avec toi la subtilité, la finesse, d'une vie de qualité intellectuelle. Je me rappelle encore de la première fois que j'ai ecouté les Gymnopédies, chez toi, à l'Ile St. Louis.
Tu étais la Déesse. Tu prenais un air distante mais attentif. Je t'offrais mon intimité, mes rêves, mes espoirs, mes batailles, je ne te racontais pas trop mes échecs ou mes angoisses. Je ne les cachait pas, j'en parlais, mais seulement d'une phrase, et je passais dessus. Je mettais à tes pieds ma vie. Tu ne demandais rien. Par pudeur? Par indifférence?
J'étais un peu le prédécesseur de ces requins sans dents qui pleurent aujourd'hui dans ton bureau. Je mettais ma vie a plat sur la table, comme offrande, comme offrande a l'amitié que je te portais. Me connaissant je trichais probablement un peu. Je devais sûrement donner un ton héroïque à mes petites guerres... tout a fait normales dans l'évolution et la recherche de soi même, de cet adolescent que j'étais.
Je cherchais probablement à forcer une réaction en toi. Pas nécessairement une réaction extérieure, mais une réaction, une poussée d'émotion intérieure qui te rattache un peu plus a moi.
Je t'aimais parce que tu étais la perfection... Tu parlais peu. Et on sait bien que ceux qui parlent peu paraissent plus intelligents, plus sages. Je n'ai jamais été comme ça.
Si tu me permets une courte digression, je te dirais que dans mon système de valeurs les priorités sont telles, que je suis prêt à dire 99 betisses, si avec la 100eme je produis une idée géniale. Je ne suis pas le profil du "juge". Je ne me mets pas des limites a moi même, pour réduire le risque d'erreur.
Au contraire je suis le profil du créateur. Je me pousse a la limite, pour aller au delà des horizons des autres. Avec ce genre de profil on est plutôt artiste que leader. On est rarement gratifie avec des responsabilités. Les responsabilités c'est pour ceux qui ne vont pas risquer avec les intérêts des autres.
C'est pour cela que c'est exceptionnel que j'aie eu l'occasion de détenir des responsabilités et du pouvoir politique, et grâce a cela la possibilité réelle de "transformer le monde". J'ai du faire des sacrifices pour pouvoir donner une image de profil "responsable". Pas suffisamment pour survivre, je suis mort sur le champ de bataille car je n'arrivais pas à le cacher complètement. Mais c'est grâce à cette insouffissance que j'ai pu sauver ma créativité et ma capacité de transformation. Cela fut à la fois mon succès et mon échec.
Toi tu étais ce que je ne russisais pas a être. Tu étais le contrôle, la mesure, la contention, la recherche et l'approximation a la perfection. Tu étais Athéna.
Tu étais l'Athéna. La Pallas Athéna Parthenos, perchée sur le haut de l'Acropolis, avec la pointe de ta lance en or. Et cette pointe qui brillait au soleil se voyait à des dizaines de lieues de distance par les bateaux qui s'approchaient du Pirée. Mois j'étais l'un de ces bateaux, probablement celui d'Ulysse, dans sa recherche héroïque du sens de la vie.
Je t'admirais, je te désirais, comme on désire une déesse inaccessible. Sachant que si cette déesse ne devient pas femme, nous ne serons pas capables de nous sacrifier pour un amour qui détruirait le sens de recherche de notre vie. On ne peu pas marier une déesse en pierre lorsqu'on est un mortel en chair. Cette déesse ne pouvait se marier qu'avec Apollo, et moi j'étais Ulysse, j'étais Dionysos
Tu étais déesse, tu n'étais pas femme. Je t'aimais, mais tu n'étais pas préparée pour m'aimer. Tu cherchais encore un faux mythe. Le mythe de l'amour bourgeois, et mon amour contre culturel était au-delà de tes horizons
Mais après tout, tout fut pour le mieux. Une relation intense, amoureuse, avec toi n'aurait pas dure, et nous ne serions pas la ou nous en sommes. Je suis grés de sacrifier notre jeunesse en échange de notre maturité.
Tu n'étais pas préparée pour m'aimer. Mon amour aurait été réel, comme il la toujours été, J'aurais peut-être réussi a inspirer le tien. Mais cet amour, dans un contexte qui n’aurait pas pu le satisfaire a perpétuité, n'aurait pas fait preuve de cette beauté, que du fait il a.
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3) Pourquoi est-ce que je t'aime à 50 ans?
Tu n’es plus la Déesse. Tu es devenue la Femme. Tu as souffert. Tu as subi l'échec. Tu as finalement tue le mythe. Tu acceptes de ne plus être parfaite, de ne plus m'exiger de l'être.
Ta peau n'est plus en marbre, ivoire et or. Ta peau pleure, sent, vibre, secrète, reçoit et donne du plaisir. Elle ne sent pas assez, sa saveur est encore douce. Je veux une saveur amère. Tes mains touchent, encore trop bien, encore avec la pression adéquate. Je veux des mains tendues, des mains qui s'accrochent, qui griffent. Elles ne demandent pas encore du secours, tes mains ne pleurent pas encore. Tes yeux finalement regardent, parlent, mais ils ne haïssent pas encore, ils ne crient pas.
Mais je t'aime parce que je sais que tu peux puer, tu peux battre, tu peux supplier. Je sais que tu te crois en contrôle, que ta peau ne te trahira pas, que tes mains ne se rebelleront pas, que ta fierté ne te lâchera pas. Et tu seras en contrôle. Mais j'aime voir que tu es femme, et non déesse. Et que c'est cette femme qui veut puer, qui veut battre, qui veut supplier.
Je t'aime parce que je sais que tu n'est pas d'accord avec tout ce que j'écris. Que tu trouves que je me trompe. Que je suis en tout moment passe a cote de ce que tu étais réellement, de ce que tu sentais réellement. Nous ne sommes pas ce que nous pensons de nous mêmes. Nous sommes l'ensemble de tout ce que les autres pensent de nous. (C'est un principe taoïste/chinois: "Nous ne mourrons que lorsque la dernière personne qui se rappelle de nous meurt.")
Et moi qui t'ai aime, qui t'aime, qui t'ai aime plus longtemps que quiconque d'autre. Je t'ai donne la vie plus que quiconque d'autre. Je t'ai donne ma vie plus que quiconque d'autre. J'ai donc le droit de te créer, et te recréer tous les jours. Tu es ce que tu es, mais tu es aussi ce que je pense que tu es. Laquelle est la Brigitte plus réelle? La Brigitte du bureau ou la Brigitte des mails?
Mais j'ai parfois des doutes, sur cette nouvelle perception de ta palpitation féminine. Le marbre peu paraître tiède, s'il a été momentanément chauffe. Le marbre peu vibrer, s'il est en contact avec sur une surface vibrante..... Combien durera l'effet humanisant de tes derniers malheurs?
Combien tarderas tu a récupérer l'essence de ton être. Je t'aime pour ce que tu étais, je t'aime pour ce que tu es. Je t'aime au-delà de tes états temporels, la n'en est pas la question. Mais je jouis bien plus de toi lorsque ta chair vibre, lorsque tes yeux supplient, lorsque tes mains pleurent.
Comment je t'aime
Finalement je ne sais plus si j'ai explique "pourquoi" je t'aime ou plutôt, "comment" je t'aime. Mais c'est comme les dessins de points de cahiers d'enfants. En traçant une ligne qui les unit, l'image apparaît. Tu n'as qu'a unir les points de mes "comment" pour voir le "pourquoi".
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Mais essayons une autre approche:
1) Je t'aime parce que j'ai besoin de t'aimer.
2) Je t'aime parce que tu es la femme que je désire.
3) Je t'aime parce que je n'ai jamais aime autre Déesse que toi.
4) Je t'aime parce que j'aime la femme que je suppose sous la peau de la Déesse.
5) Je t'aime parce que tu as toujours eu un corps que le mien nécessite.
6) Je t'aime parce que tu me produits toujours un besoin, une exigence de chercher le meilleur de moi même.
7) Je t'aime parce que tu m'as toujours produit une tranquillité active, un calme dynamique.
8) Je t'aime parce que tu m'as toujours domine, parce que me suis toujours laisse dominer par toi. C'est toi qui mettais les règles.
9) Je t'aime parce que je te voyais toujours flotter sur ta vie, moi étant perche sur ma vision d'éternité.
10) Je t'aime parce que tu es l'équilibre en déséquilibre, le déséquilibre en équilibre.
11) Je t'aime parce que tu ressembles un ange androgyne.
12) Je t'aime parce que tu n'as pas de seins.
13) Je t'aime parce que tes lèvres secrètent énormément de fluide, jusqu'a baigner possesivement mon membre
14) Je t'aime parce que je n'ai jamais réussi à percer ta membrane préservatrice.
15) Je t'aime parce que tu saignes en dessous de cette membrane.
16) Je t'aime parce que tu es, comme Ava Gardner, l'animal le plus beau du monde.
17) Je t'aime parce que mon amour pour toi m'est inconnu, il est d'une nature que je n'ai jamais ressentie.
18) Je t'aime d'égal a égal. Je n'ai jamais réussi à aimer à une femme d'égal a égal. Elles se sont montrées incapables.
19) Je t'aime parce que tu es la copine, la camarade, l'amie, la soeur, la compagne...
20) Je t'aime parce notre amour est froid, malgré la chaleur sous le couvercle
21) Je t'aime parce que je suis encore intimide lorsque je parle au téléphone avec toi... comme je l'ai fait ce soir même.
22) Je t'aime parce que je sais que je vais t'aimer toute la vie.
23) Je t'aime parce que je ne sais pas si tu m'aimes
24) Je t'aime parce que je ne sais combien de temps tu vas m'aimer
... Je t'aime, en fin de compte, parce que je sais que, quoi qu'il en soit...
... nous allons nous aimer 24h. a Cuenca, et que pour moi cela représente l'ubiquité et l'éternité, l'utopie et l'uchronie.
... Et je t'aime, et je t'aime, et je t'ai toujours aime, et je continuerais a t'aimer, pour les siècles des siècles...
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